J-4 avant le grand jour. La montée des marches, les strass, les paillettes, la chaleur du soleil qui viendront me caresser la peau, Cannes et son festival m’ouvrent enfin leurs portes…
J’ai toujours vu cette cérémonie assise sur mon canapé, à m’imaginer : « Et si moi j’y étais, qu’est ce que je ferais ? Comment je serais habillée ? Qui je rencontrerais ? », tant de questions qui vont, enfin, pouvoir avoir une réponse.
J’ai à peine commencé ma valise que mes pensées sont déjà devant le Théâtre Lumière. Mon programme de films à voir est déjà tout tracé, je ne sais même pas si mes yeux et mon cerveau vont pouvoir suivre, tellement j’ai de choses à découvrir. L’excitation est palpable, je crois que je réalise tout doucement que je vais bientôt vivre l’un de mes rêves.
Mais avant de monter les marches, il y a toute une préparation à faire. Il a fallut chercher LA fameuse tenue, les chaussures qui iront parfaitement avec et bien sûr les accessoires. J’avais l’impression d’être Julia Roberts dans Pretty Woman, à faire tous les magasins de Paris pour me dégoter l’habit qui fera la différence.
Bon, c’est bien beau d’avoir une tenue, mais à Cannes, j’y vais avec un but précis : écrire et voir des films. Je veux pouvoir me faire mon propre avis sur les films en compétitions, c’est la première fois que j’en ai l’occasion. Je dois en plus alimenter chaque jour Clap 8, pendant 6 jours je vais être une vraie journaliste. Armée de mon carnet, mon stylo, mon appareil photo et de mon badge presse, je serais à l’affut de n’importe quelles informations.
Je ferais tout pour retranscrire ce que je vis et vous faire vivre à votre tour la magie du Festival de Cannes.
Alors cliquez sur la petite étoile juste en haut de votre barre de recherche pour mettre notre site internet en favori. Et montez avec nous les marches du Théâtre Lumière…
Chronique d’un groupe de rock underground dans la Russie des années Brejnev, Leto de Kirill Serebrennikov, dont on avait aimé Le disciple il y a deux ans, est la première vraie réussite de la cuvée 2018. Sans jamais tomber dans le clip facile, cette histoire plus complexe qu’elle en a l’air, qui mêle destins collectifs et parcours individuels, magnifie ce qu’elle représente, à savoir l’énergie folle d’une jeunesse muselée.
Le film s’ouvre par un magistral plan-séquence. Dès la deuxième minute, le spectateur se dit qu’il a affaire à un cinéaste qui sait tenir sa caméra. Les mouvements sont d’une fluidité scorsesienne, le noir et blanc profond donne à cet underground enfumé des allures expressionnistes. Nous allons assister à un « film d’ambiance ». Car c’est tout un univers que convoque Serebrennikov : le rock, le punk, la liberté, oui la liberté surtout, dans ce club où officient les musiciens de l’ex-Leningrad après avoir passé les étapes peu souriantes de la censure. L’arrière-plan de la dernière décennie d’un communisme russe mourant est superbement peint : pour faire tomber les icônes, pas besoin de déboulonner les statues de Lénine. Ce sont les transes de la scène, la puissance des textes, la folie de l’être artiste, autrement l’esprit rock, qui se chargent de tout balayer. Au premier plan, trois personnages : deux chanteurs, Mike et Viktor, et Natasha, une femme au charme fou hésitant entre le talent de l’un et le cœur de l’autre. Une sorte de Jules et Jim à la russe et sous LSD.
On pourrait reprocher quelques longueurs au film de Serebrennikov, qui aurait pu s’alléger d’un petit quart d’heure. Mais un quart d’heure de trop chez un grand cinéaste, c’est toujours mieux qu’un énième film inutile de Danyboon. Serebrennikov joue, interrompt son récit, revient en arrière puis repart, épousant lui-même le rythme de la musique rock avec un talent qui saute aux yeux. Il joue avec le spectateur, convoqué plusieurs fois à quelques scènes irréelles que referme un personnage sombre qui lui indique que non, ça ne s’est pas passé comme ça. Cette alternance entre scènes réalistes, ancrées dans l’histoire des années 80, et scènes fantasmées, c’est peut-être au fond l’essentiel du discours de Serebrennikov : c’est quoi, un artiste ? C’est justement celui qui navigue avec aisance entre réalité et fiction, ne sachant plus vraiment ce qui relève de l’une ou de l’autre. Cette confusion, c’est la liberté même de la création.
Très bien reçu par le public qui l’a longuement applaudi, Leto est un film singulier, dont on regrettera amèrement le traitement par la presse. Lors de la conférence de presse, il ne fut question QUE de l’assignation à résidence du metteur en scène, absent de Cannes car trop peu poutinien. Quelle que soit la gravité de ce scandale, il est un peu dommage qu’elle cache le plus important : la beauté du film, et le talent du cinéaste. Serebrennikov n’est pas plus génial parce qu’il est entravé. Il est génial avant tout parce qu’il nous offre un grand film.
Alors que, dans un judicieux dispositif de film dans le film, un cinéaste capture le charme de Natasha, qui proteste car elle déteste être filmée, il précise : « c’est pour la beauté ». Tout est dit, en quelques mots. Car la beauté, cet Été-là n’en manque pas.
Il en fallait une, car chaque année doit fournir un bêtisier digne de ce nom. Le redoutable tapis rouge, aussi effrayant qu’attirant a accompli son méfait. Une inconnue à la robe bleue et aux talons visiblement peu stables en a fait les frais.
Oh que je redoute cette montée des marches. Habitante en région parisienne, grande habituée des transports de la capitale où s’entasser ne relève plus de l’option, les escarpins et autres talons de 10 centimètres ne sont pas mon quotidien. Journaliste en devenir, mes journées alternent entre interviews, course folle pour attraper un métro et piétinements d’impatience en attendant mon RER. Autant vous dire que le combo robe longue et talons pointus risque de me mettre à l’épreuve.
C’est ce qui est arrivé à une jeune inconnue en robe bleue, pourtant fendue, et aux talons compensés. Après avoir titubé dangereusement sur les premières marches, le tapis rouge aura eu raison d’elle et ce qui devait être un moment magique au cœur des flashs s’est transformé en une chute en slow-motion.
Pour le moment, je rigole, mais lorsque mon tour viendra de grimper dignement jusqu’au Grand Théâtre Lumière, j’ose espérer ne pas attirer la lumière des projecteurs.
Verdict : mesdames et mesdemoiselles, le style, la classe, le glam, c’est important, mais l’équilibre c’est mieux.
Cannes affectionne la figure de l’acteur-passé-à-la-mise-en-scène. C’est une figure classique du cinéma, qui réussit à certains (George Clooney, Mathieu Amalric), moins à d’autres (Sean Penn, Guillaume Canet), mais qui dit combien la mise en scène doit démanger ceux qui ont coutume d’être dirigés. Ce grand saut, Paul Dano (Little miss sunshine, There will be blood, Youth) vient de le tenter. Il présente Wildlife à la Semaine de la critique, réputée la sélection la plus exigeante du Festival de Cannes.
C’est avec une humilité presque de petit garçon que Paul Dano, l’une des coqueluches d’Hollywood, a présenté son premier film (qui peut lui faire prétendre à la Caméra d’or). Une voix un peu fluette, quelques hésitations, et une absence totale d’assurance : le comédien aux allures d’adolescent fait sa mue devant les spectateurs de l’espace Miramar. L’acteur fait place au cinéaste. A pas feutrés. Dano, pourtant, réussit son pari. Car Wildlife n’a rien d’un film prétexte censé consacrer un « acteur qui serait plus qu’un acteur ». C’est un vrai film de cinéma, une vraie mise en scène qui va chercher ses références du côté d’Edward Hopper ou de Todd Haynes, une vraie identité visuelle. Une vraie douleur aussi.
La grande réussite du film, dont le pitch simplissime se résume à l’explosion d’une famille américaine moyenne dans le Montana des sixties, tient dans son parti pris scénaristique : utiliser le personnage du fils, Joe, comme pivot de l’histoire. Dano choisit la focalisation sur l’adolescent pour montrer comment les déchirements de ses parents vont faire de lui ce qu’il deviendra. Ainsi, nous regardons Joe regarder. Nous le voyons assister, souvent impuissant, aux errances de sa mère et à l’absence de son père. Nous voyons son regard enregistrer, comme un spectateur, le drame familial en train de se jouer, comme si Joe, qui apprend la photographie, apprenait aussi à filmer la vie.
Car Joe sera un homme d’images et de sons, comme nous le montre la très belle scène finale. Un portrait de famille d’après les fêlures. Le drame a eu lieu, mais tout le monde sourit. Un portrait de famille, et puis plus rien… Le clic de l’appareil photo, c’est à la fois la fin du film et le début de la vocation de Joe. Il sera regardeur. Comment ne pas voir, dès lors, la ressemblance troublante entre l’acteur choisi pour jouer Joe, Ed Oxenbould, et Paul Dano lui-même ? « Joe Brinson, c’est moi », pourrait dire Dano pour parodier Flaubert. Le devenir cinéaste, chez Dano, paraît lié aux blessures de l’enfance.
Dans Youth de Paolo Sorrentino (2015), Paul Dano joue le rôle d’un comédien abonné aux rôles de super-héros, et qui voudrait qu’on le reconnaisse comme un auteur. Séquence prémonitoire. Trois ans plus tard, un auteur est né.
Ne nous cachons pas derrière notre Croisette. Le premier film de cette sélection cannoise est assez raté. On comprend bien l’intérêt du Festival à convoquer Penelope Cruz et Javier Bardem pour une inédite montée des marches (Laurent Weil, à toi de jouer), mais le film d’Asghar Fahradi aurait plutôt eu sa place hors compétition.
Comme le disait le regretté Pierre Desproges, on reconnaît le véritable ami à sa capacité à vous décevoir. Asghar Fahradi est incontestablement un grand cinéaste de son temps et, même si sa carrière s’était arrêtée à Une séparation ou au Client, il aurait déjà plus donné au monde que la plupart des forces vives de cette planète. La déception est d’autant plus amère. Car Fahradi est un auteur, un vrai, qui semble cette fois s’être fourvoyé dans une production qui l’a dépassé. L’oscar en poche, se sont ouvertes pour le cinéaste iranien les portes du « cinéma international de qualité ». Ainsi Fahradi tourne-t-il en Espagne un film sans grande âme mais avec un cast premium. Soyons clairs : il y perd son style, sa spécificité, son identité.
Plus de deux heures durant, il nous fournit une sorte de world pudding susceptible de plaire à tout le monde, avec la vision d’une Espagne touristique bien sous tout rapport à laquelle Pedro Almodovar, présent au générique, a semble-t-il apporté son concours. Tout y est, le bon vin des bonnes vignes, les couchers de soleil sur les collines, le jamon serrano finement coupé. Evidemment tout tourne autour de la famille, parce que la famille chez les Espagnols… Alors que Farhadi avait su travailler en profondeur les tiraillements de la société iranienne, son cinéma perd toute saveur dans cette extraterritorialité qui ne paraît être là que pour rendre son cinéma populaire, international, « starifiable ». Résultat : Everybody knows est… oubliable.
Passons sur le jeu d’acteurs médiocre (Bardem est presque aussi mauvais que chez Sean Penn), c’est surtout à un film délavé que nous avons affaire. Woody Allen lui aussi, en 2008, était tombé dans le même travers avec Vicky, Cristina, Barcelona… Une Espagne de carte postale qui avait englouti toute la saveur du cinéma allenien. Au casting à l’époque… Cruz et Bardem déjà ! Malédiction.
Le pire dans tout cela, c’est sans doute le scénario. Il n’y aura dans ce texte aucun spoil, puisque le spectateur lui-même, à force d’allusions et de clins d’œil scénaristiques, s’auto-spoilera vite et connaîtra le pot-aux-roses au bout d’une demie heure. Sans surprise donc, le film se déroule comme on l’a prévu. Et on finit par ne plus trop se soucier de cette histoire larmoyante dans laquelle même le très grand Ricardo Darin est à côté de plaque.
Restent les belles images, une certaine tension narrative, des seconds rôles intéressants, et une très belle première séquence. En dehors de cela, Everybody knows relève de la brochure touristique. On ne peut que conseiller à Farhadi d’entrer dans l’agence de voyage et d’acheter un vol retour pour Téhéran.
Cette année à Cannes, tout change. Même la cérémonie d’ouverture. Animée par un Edouard Baer en grande forme, toujours sur le fil, faisant alterner l’humour absurde qu’on lui connait et une poésie lunaire sur fond de discrète partition au piano, la soirée aura mis sur scène, pour la première fois, le délégué général du Festival Thierry Frémaux et le Président Pierre Lescure, jusqu’alors plutôt tapis dans l’ombre alors que la lumière nimbait les seuls visages des stars. Une cérémonie presque backstage, dans la cuisine d’un festival qui affiche ses opinions, ses partis pris, son désir de renouvellement.
Seul Laurent Weil, finalement, aura échappé au vent de fraîcheur. Dans le rôle difficile de celui qui tend son micro à Pénélope Cruz sans se faire piétiner par ses talons hauts ni par le pneu de la Renault Talisman Initiale qui manque de peu de lui rouler dessus, le journaliste de Canal Plus aura posé, pour la mille trois cent soixante treizième fois depuis son premier festival (si nos calculs sont bons) SA question fétiche : « are you happy to be in Cannes ? ». Comme si monter les marches c’était la loose, comme si y présenter un film n’y était pas plus excitant que la traite des chèvres dans une basse vallée de l’Ardèche, comme si mettre une robe de soirée sublime relevait de la corvée ultime comparable au travail sur les chaines de montage de Flins… où est produite la Renault Talisman Initiale qui manque de peu de rouler sur les pieds de Laurent Weil. Bref, au journaliste de Canal revient sans doute la palme de la question con, sans intérêt, à laquelle même un prix Nobel ne trouverait rien d’intéressant à répondre. Que voulez-vous que je vous dise ? Evidemment que je suis content, évidemment que je suis excité comme une puce, et alors ?
La question de Laurent Weil a au moins une vertu, qui la tire de l’absolue vacuité. Elle souligne tout de même quelque chose d’essentiel et d’incroyablement vrai pour quiconque connaît un peu le Festival : tout le monde est content d’être là. Ce qui relie Pénélope Cruz et Elodie, Jacques, Grégoire et Maxime qui sont sur les échelles devant les marches, c’est la conscience de leur chance. Et ce bonheur-là, cette excitation-là, sont aussi des vérités du festival. Alors merci, Laurent Weil, de dire finalement l’essentiel à travers une question con. Parce que oui, on est heureux. Happy. Basique. Simple.
Voici une présentation du jury 2018 dans la catégorie long-métrage. Attention, cette année encore, il y a un sacré répertoire.
Cate Blanchett
Récompensée aux Oscars pour son interprétation dans Aviator en 2005 puis en 2014 pour Blue Jasmine, il est presque aujourd’hui impossible de ne pas savoir qui est Cate Blanchett. Avec son regard perçant, sa voix aussi douce que glaciale, l’actrice australienne est l’une des actrices les plus reconnues dans le monde du cinéma et a depuis longtemps prouvé à tous que l’instant d’un film, elle peut devenir une toute autre personne. Passant de la reine des Elfes (dans les films Seigneur des Agneaux et The Hobbit) à l’une des reines les plus emblématiques d’Angleterre (les films Elizabeth), la présidente du jury 2018 continue toujours après 30 ans de carrière de nous surprendre par son talent.
A voir prochainement dans : Ocean’s 8, 2018 / Mowgli, 2018
Kristen Stewart
Aperçue dès son plus jeune âge dans Panic Room ou encore dans Into the Wild, la saga Twilight a propulsé la carrière de Kristen Stewart. À 28 ans, la jeune femme a définitivement tourné la page des vampires et loups-garous, comme la plupart d’entre nous d’ailleurs (excepté quand il s’agit du dilemme éternel : team Jacob ou team Edward). L’actrice américaine a depuis collaboré avec les plus grands dans Still Alice (2015) ou encore Café Society (2016) et est devenue une actrice incontournable.
A voir prochainement dans: Underwater, 2018
Léa Seydoux
Connue dans le monde entier pour sa chevelure bleue – Ah La vie d’Adèle – Léa Seydoux fait partie de cette jeune génération d’acteurs français qui se voit ouvrir les portes du cinéma américain ! Femme déterminée dans le dernier James Bond, cette attitude contraste avec la fraîcheur et la sensibilité qu’elle dégage dans des rôles plus sobres tel Judi dans la Belle personne.
A voir prochainement dans : Kursk, 2018
Robert Quediguian
Avec 5 sélections officielles et une récompense en 2011 pour son film Les neiges du Kilimandjaro, Robert Quediguian a plusieurs fois foulé le tapis rouge de Cannes. Accoutumé à s’entourer d’acteurs fétiches dont sa femme (Ariane Ascaride), le réalisateur français s’attache à exposer le monde qui l’entoure au quotidien et à revendiquer son engagement politique. Une histoire de fou en est d’ailleurs le parfait exemple.
Dernier film en date : La Villa, 2017
Denis Villeneuve
Denis Villeneuve est un réalisateur et scénariste canadien particulièrement doué dans le genre thriller psychologique. Que se soit dans Prisoners (2013) ou Enemy (2013), I‘atmosphère créée par le réalisateur tient le spectateur en haleine. C’est avec Premier contact (2016), que le cinéaste se lance dans des projets de science-fiction de plus grande envergure, qui aboutiront pour ce film à 8 nominations aux Oscars et pour Blade Runner 2049 à 2 Oscars, ainsi qu’une sélection à Cannes l’an passé.
Prochain film : Dune, 2019
Andreï Zviaguintsev
L’attachement particulier que met le réalisateur russe à dépeindre des personnages désespérés à la recherche d’un avenir meilleur, caractérise le style « tragique » du cinéma d’Andreï Zviaguintsev. L’incroyable intensité qui se dégage de ses films lui a d’ailleurs valu de nombreuses distinctions. Sur 5 films réalisés, 3 d’entre eux reçoivent des récompenses au festival de Cannes dont le prix du scénario pour Léviathan (2014) et le prix du jury 2017 pour Faute d’Amour.
Aucun film à venir pour l’instant
Chang Chen
Si l’acteur taïwanais est une star sur le continent asiatique, Chang Chen s’est fait connaître du public mondial pour avoir joué dans des films d’actions et d’arts martiaux ayant eu un succès international. Il joue ainsi aux côtés de Michelle Yeoh (The Lady) dans Tigre et Dragon en 2000, dans Brotherhood of Blades en 2014 et un an après dans The Assassin.
Dernier film en date : Mr. Long, 2017
Ava DuVernay
Ava Duvernay est une des révélations de l’année 2014 avec son film Selma. Nominée aux Oscars et aux Golden Globes, le film reprend le combat des droits civiques durant la marche de Montgomery (Alabama) en 1965 et du rôle de Martin Luther King lors des évènements. L’américaine devient également avec ce film la première réalisatrice noire à être nominée aux Golden Globes.
Dernier film en date : A Wrinkle in time, 2018
Khadja Nin
Plus connue sous son nom de scène que de son vrai nom, Jeanine Rema, alias Khadja Nin, est une chanteuse de variété d’origine burundaise. L’artiste se fait connaître en France dans les années 1995 avec le tube Sambolera mayi son, qui sera à l’antenne tout l’été 1996. S’inspirant à la fois de sa culture africaine et des sons plus occidentaux, sa discographie comporte de fameuses reprises tel que Free de Steve Wonder, qu’elle renommera Sina mali, sina déni.
À l’heure où le tapis rouge commence à exhaler son parfum de neuf en bas des marches, et où l’excitation monte à l’approche des premiers flashes, tous les commentateurs s’accordent à dire qu’un vent de nouveauté souffle cette année sur le festival. On l’attendait en 2017 à l’occasion du 70e anniversaire… mais il fallait commémorer, fêter, autrement dit garder l’œil dans le rétroviseur. 2018 : changement de programme. Le rétroviseur regardera vers l’avant ! Oui, je sais, c’est un paradoxe…
La première surprise est venue lors de la conférence de presse présentant la sélection le 14 avril. Depuis 2002, première sélection de Thierry Frémaux, on reprochait au programmateur de faire ronronner les grands noms, et de distribuer les bons points comme des abonnements à vie. Résultat, il fallait chercher dans les sections parallèles, ACID, Quinzaine et Semaine, les pépites du cinéma de demain. Malgré de belles réussites (La vie d’Adèle de Kechiche ou Winter Sleep de Ceylan), la sélection officielle finissait par sentir le formol avec des films parfois académiques, souvent empesés.
Un simple coup d’œil sur la liste des films 2018 suffit à mesurer le changement de cap. Beaucoup de premiers films, pas mal d’inconnus, et un parfum de fresh air mâtiné de trublions politiques. Du résistant iranien Jafar Panahi à la potion anti-Poutine de Kirill Serebrennikov en passant par le dissident chinois Jia Zhang-Ke, le moins que l’on puisse dire est que les films de 2018 affichent l’engagement en bandoulière, avec une Cate Blanchett en présidente du jury estampillée Me-too. 1968-2018 : la sélection de Godard 40 après son coup d’éclat cannois de 68 fait aussi figure de clin d’œil. La révolution en marche. Paris 8-Cannes, même combat !
Mais le renouvellement ne s’arrête pas à l’écran. C’est tout le festival qui paraît se réinventer. Les accrédités reçoivent ces jours-ci quelques bonnes nouvelles : masterclasses plus ouvertes et plus nombreuses, nouvel accès aux marches, et surtout nouvelle organisation des projections à partir d’un judicieux système de multidiffusion dans les salles Lumière et Debussy, qui devrait permettre de diminuer les files d’attente et de faciliter d’accès aux projections. Bref, breaking news : cette année à Cannes, on va peut-être pouvoir voir des films !
Le scandale qu’a causé l’affaire Weinstein en octobre dernier a bouleversé le déroulement des cérémonies de remises de prix dans le monde du cinéma. Actrices et personnalités se sont mobilisées pour dénoncer les violences faites aux femmes. Retour sur les différents mouvements qui ont marqué 2018.
La création du collectif Time’s up
Plus de 300 personnalités ont lancé peu avant la cérémonie des Golden Globes le mouvement Time’s Up (littéralement le temps est écoulé) en solidarité avec les victimes d’agressions sexuelles et de harcèlement. Il s’inscrit dans la lignée du mouvement #MeToo, créé juste après les révélations du New York Times sur les actes du producteur Harvey Weinstein, et visant plus largement à la libération de la parole des femmes de tous milieux.
C’est ainsi que la plupart des acteur.rice.s arboraient une tenue complètement noire et des badges Time’s up sur le tapis rouge des Golden Globes le 7 janvier dernier. Une « déclaration solidaire » pour l’actrice Claire Foy, à l’affiche de la série The Crown.
Les spectateurs retiendront également le discours de la présentatrice Oprah Winfrey qui a clamé devant un public debout que « depuis trop longtemps, les femmes n’ont pas été entendues ou crues si elles osaient dire la vérité face au pouvoir de ces hommes. Mais c’est fini pour eux ! C’est fini pour eux [« Time’s up » le nom du mouvement] ».
Sabo et le scénario de Three Billboards
Le street-artist Sabo, connu pour être provocateur, a repris le scénario du film nominé aux Oscars Three Billboards Outside Ebbing, Missouri et recouvert plusieurs panneaux publicitaires d’Hollywood qui faisaient la promotion des Oscars.
Il a remplacé les affiches par des messages inspirés du film, mais qui cette fois attaquaient directement l’industrie du cinéma, notamment à propos des accusations de pédophilie et de violences sexuelles de certaines personnes phares de la cérémonie. Des messages chocs pour dénoncer la lenteur des poursuites judiciaires malgré les nombreuses révélations faites par la presse.
#MaintenantOnAgit
Inspiré par le mouvement Time’s up lors de la cérémonie des Golden Globes, le monde du cinéma français a lui aussi voulu dénoncer les violences faites aux femmes, à sa manière. C’est lors de la cérémonie très française des Césars qu’une centaine d’actrices et de personnalités ont lancé un appel aux dons avec comme mot d’ordre « Maintenant on agit », principalement sous la forme d’un hashtag.
Pour cette opération, l’Académie des Césars s’est associée à la Fondation des femmes pour proposer un ruban blanc aux invités, afin de pouvoir montrer leur soutien à la cause. L’objectif de la collecte de fonds est fixé à un million d’euros, un premier bilan pourra être effectué lors du Festival de Cannes.
Ces mouvements vont continuer à prendre de l’ampleur, puisque pour beaucoup ce n’est que le début. Avec la portée internationale du Festival de Cannes, spectateurs et invités peuvent s’attendre à un double mouvement, qui allierait #MaintenantOnAgit à Time’s up et #MeToo, voire à la création d’un nouveau mouvement féministe. A côté de cela, selon Les Echos, deux sociétés californiennes ont d’ores et déjà acquis les droits qui leur permettront de faire un film sur la génèse du mouvement #MeToo.
Sortez les carnets, les appareils et les micros. Admirez les paillettes, les couleurs et les marches. Sous vos yeux ébahis et vos cœurs en extases se dresse l’illustre Cannes. La belle et son walk of fame vous tend ses bras drapés de rouge. Ses jours et ses nuits attendent, capricieux et impatients, de vous trouver, vous emporter, vous emmener au cœur du Palais.
Nous n’avons guère besoin de plus de mots pour vous le faire comprendre. Ladies and Gentleman, le Festival de Cannes vous ouvre très bientôt ses portes. Toute la rédaction de Clap 8 composée de 21 élèves de l’Université de Paris 8 se rend sur place pour votre plus grand plaisir. Ces jeunes femmes et jeunes hommes ne possèdent qu’un seul but : que devant votre écran le doux parfum des stars vous titille, les applaudissements des salles obscures vous surprennent, les frissons des sélections vous parcourent, les flashs des photographes vous interpellent et le cœur du Festival de Cannes vous enivre.
Nous ne venons pas démunis. Nos sacs se remplissent d’appareils photo, de caméras et autres smartphones pour vous dévoiler en photos, en vidéos et en live l’effervescence de cette ville aux mille couleurs. Tandis que nos esprits cogitent à la recherche de l’interview parfaite, de l’article idéal et de l’écrit qui fera bondir votre cœur de sa cage, à vous donner des envies de voyage.
Chers lecteurs, du 15 au 20 mai, Clap 8 sera vos yeux
et vos oreilles au Festival de Cannes !
Nos rubriques aux noms charmeurs vous permettront de suivre cet événement cinématographique avec plaisir… We Cannes do it vous retranscrira pendant ces cinq jours tout ce qui compose ce festival, des critiques de films en allant jusqu’à l’analyse des modes vestimentaires des stars, tout va y passer. Nous ne manquerons pas de vous proposer L’interview qui tue au détour d’une file d’attente ou d’une promenade en bord de mer, sans omettre de vous offrir chaque soir un JT digne des plus grands : abandonnez votre télévision, nous sommes là pour vous. Avec nous, vous pourrez suivre La journée d’un accrédité en lisant nos petits secrets, des coulisses du festival jusqu’aux astuces en tout genre pour rendre ces cinq jours inoubliables, de Paris à Cannes. Et bien sûr, avec Rien que pour vos yeux nous dévoilerons nos plus beaux clichés de la journée pour que vous ne loupiez absolument rien des merveilles de la ville.
Nous savons qu’il est désormais difficile pour vous d’attendre notre venue au Festival de Cannes. Séchez vite vos larmes. À partir de maintenant, les rédacteurs.rices de Clap 8 vous proposeront quelques articles pré-Cannes pour vous aider à contenir vos trépignements.